5e ÉVANGILE
PSYCHOLOGIE DE L’AUTO-CONNAISSANCE


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L’IMAGINATION COMME POUVOIR, LA FANTAISIE COMME MALADIE

AUTRE TITRE CONNU : Imagination et Fantaisie

CONFÉRENCE Nº 008

Traduction d’une conférence intitulée :

« LA IMAGINACIÓN COMO PODER, LA FANTASÍA COMO ENFERMEDAD - IMAGINACIÓN Y FANTASÍA »


[…] Ce soir. Mais, en tout cas, j’aimerais d’abord préparer l’ambiance. Je demande, donc, aux frères de prêter attention…

Nous parlerons, ce soir, de l’Imagination et de la Fantaisie, de la Mémoire Positive et de la Mémoire Mécanique, etc.

Il est évident qu’il convient de faire une pleine différenciation entre ce qu’est l’Imagination Dirigée volontairement et ce qu’est l’Imagination Mécanique.

Indiscutablement, l’Imagination Dirigée est l’IMAGINATION CONSCIENTE (pour le Sage, imaginer c’est voir). L’Imagination Consciente est le « TRANSLUCIDE » ; en elle se reflètent le firmament, les Mystères de la Vie et de la Mort, l’Être, le Réel…

L’IMAGINATION MÉCANIQUE est différente : elle est formée par les déchets de la mémoire (c’est la FANTAISIE) et il convient de faire sur elle de profondes recherches.

Il est évident que les gens (avec leur Fantaisie ou Imagination Mécanique) ne se voient pas eux-mêmes tels qu’ils sont, mais selon leur forme de Fantaisie.

Il existe différentes formes de Fantaisie : incontestablement, l’une d’elles consiste précisément dans le fait de NE PAS SE VOIR soi-même TEL QUE L’ON EST. Peu de gens ont le courage de se voir eux-mêmes dans leur crue réalité.

Je suis absolument sûr que ceux qui sont ici présents, ne se sont jamais vus eux-mêmes tels qu’ils sont. Leur Imagination Mécanique leur fait prendre des vessies pour des lanternes ; avec leur Imagination Mécanique ou Fantaisie, ils se voient d’une façon qui ne coïncide pas à la réalité.

Si je disais vraiment à chacun de vous (ici présents) comment il est, avec certitude, quelle est sa caractéristique psychologique spécifique, je suis absolument sûr que vous vous sentiriez blessés. Il est clair que vous avez une conception erronée de vous-mêmes, vous ne vous êtes jamais vus vous-mêmes. Votre forme de Fantaisie vous fait voir comme vous n’êtes pas.

En parlant de façon allégorique et sympathique, je vais essayer uniquement de faire une exploration psychologique, grosso modo, sans citer de noms ni de prénoms, en utilisant des noms symboliques. Ainsi, que chacun de vous, ici présent, comprenne et écoute…

Que dire, par exemple, de CICÉRON ? Quel grand orateur ! Lapidaire dans ses « Catilinaires », intelligent (qui le nierait ?), grandiloquent comme personne, terriblement lapidaire. Mais sommes-nous sûrs que tout en lui est bienveillance ?

Réfléchissons… si nous lui disions la gravité de ses fautes, il se sentirait blessé ; si nous le lui faisions remarquer, il protesterait violemment. Il n’a jamais assassiné « POPPÉE » (cette tâche, nous la laissons à Néron) ; mais, par contre, avec son petit couteau en bois, il a fait saigner le cœur de sa « Poppée » ; mais lui, en aucune manière, ne se sentirait réellement concerné.

Il s’est toujours senti magnanime, généreux et voilà sa caractéristique fantastique : se voir de manière erronée à travers le prisme d’une bienveillance extraordinaire, c’est évident…

Et que dire, par exemple, de celui qui, aspirant à la Lumière de l’Esprit, échoue à la base ? Ne dit-on pas qu’ICARE s’éleva jusqu’aux cieux, avec des ailes en cire qui ont fondu et qu’il fut, dès lors, précipité à l’abîme ? Cependant, il ne pense pas ainsi (de lui-même) ; il s’imagine être fidèle dans les rangs ; il est sûr de marcher sur le Droit Chemin, d’être noble comme personne…

En continuant ainsi, sur ce chemin, que restera-t-il donc à Icare, après s’être précipité à l’Averne ? Ne dit-on pas que GANYMÈDE monta jusqu’à l’Olympe pour y boire du vin ? Mais Ganymède aussi peut être jeté au fond du précipice…

Le disciple qu’on appellera maintenant « JUSTINIEN » symboliquement, combien de fois ne s’est-il pas justifié lui-même ? Il est convaincu d’aller très bien. Peut-être, ces derniers temps, s’est-il quelque peu amélioré, mais n’a-t-il pas protesté à certains moments ? N’a-t-il pas, par hasard, protesté devant l’Autel du Sacrifice ? Mais lui se sent infaillible, il est sûr de n’avoir jamais protesté. Il dira qu’il a toujours tout fait en faveur de la Grande Cause, sans jamais faillir…

Au nom de la vérité (et même si cela vous parait ici un peu difficile), rares sont ceux qui se sont regardés eux-mêmes tels qu’ils sont…

ARISTOTE, maintes et maintes fois, avec sa Philosophie, est convaincu que sa sagesse est formidable. Cruel ? Il n’a jamais senti qu’il l’était. Comme conjoint ? Magnifique comme personne, il a fait souffrir mais il reste convaincu qu’il n’a jamais mal agi ; il est sûr d’être magnifique, bienveillant, doux, etc.

Au nom de la vérité, je pourrais vous dire ceci : qu’il n’y a qu’une seule personne qui s’est vue (elle-même) telle qu’elle est ; rien qu’une parmi toutes celles qui sont ici présentes. Une ; toutes les autres ont sur elles-mêmes une image fantastique ; à cause de leur forme d’Imagination Mécanique, elles se voient non pas comme elles sont en réalité, mais comme elles sont en apparence.

Par conséquent, mes chers frères, je vous invite à la réflexion. Demandez-vous si VOUS VOUS ÊTES VRAIMENT VUS une fois TELS QUE VOUS ÊTES.

Les historiens, par exemple, qu’ont-ils écrit ? Des FANTAISIES et rien de plus ! Que disent-ils de NÉRON ? « Que c’était un homosexuel et qu’il en vint à se marier avec un autre homosexuel ». D’où les historiens ont-ils sorti cela ? En sont-ils certains, par hasard ?

Au nom de la vérité, je dois vous dire que j’étais réincarné à l’époque de Néron et qu’il n’avait rien d’un homosexuel. Je l’ai souvent vu sortir par les portes de la vieille Rome, assis sur sa litière, sur les épaules de ses esclaves (un homme au front ample et au corps robuste, herculéen).

Les historiens n’affirment pas cela ; ils insistent sur l’idée d’un « bossu » horrible, abominable. Au lieu de le voir entouré, comme beaucoup le croient, de gens homosexuels, au contraire, je l’ai toujours connu entouré de ses femmes. J’ai vécu à l’époque de Néron et je donne témoignage de cela. Les historiens ont faussé la réalité par rapport à cet homme.

N’accusent-ils pas, par hasard, MARIE-ANTOINETTE de « prostitution », d’ « adultère » et de je ne sais quoi d’autre ? Personne n’ignore qu’on lui fit un grand scandale au sujet du collier de la Reine, bijou qu’elle avait alors offert pour aider les autres. Mais de là à ce qu’elle ait été infidèle à Louis XVI, il y a une grande distance.

Nous l’avons soumise à des épreuves dans les Mondes Supérieurs et elle s’est avérée terriblement chaste, avec le droit d’utiliser la « TUNIQUE BLANCHE ».

Je l’ai vue traverser Paris en direction de l’échafaud : héroïque, avec le front bien haut. Elle ne devait rien, elle n’avait rien à craindre. Elle a donné sa vie pour la France : on n’a jamais su l’apprécier à sa juste valeur.

On a écrit beaucoup de choses dans l’Histoire, mais elle est déformée ; ça ne vaut pas la peine d’étudier l’Histoire. C’est à peine si les dates sont la seule chose utile qui s’y trouve, et encore pas toujours, parce qu’il serait absurde d’accepter la date de l’an 1325 environ comme le début de la fondation de l’Empire d’Anahuac, pour qu’en l’an 1500 et quelques, un tel Empire ait disparu sous la botte d’HERNÁN CORTES et de ses partisans !

Croyez-vous qu’en deux siècles se serait élevée une puissante civilisation comme celle de la GRANDE TENOCHTITLAN, alors que pour élever une seule pyramide, il a fallu des générations entières ? Croyez-vous qu’une puissante civilisation comme celle-là s’élève en deux siècles ?

Les historiens adultèrent aussi les dates ; ils les falsifient. C’est pourquoi, en matière d’histoire, il faut faire très attention.

Il faut distinguer la MÉMOIRE MÉCANIQUE de la MÉMOIRE DU TRAVAIL ÉSOTÉRIQUE GNOSTIQUE. La Mémoire Mécanique nous mène à des conclusions erronées. Êtes-vous sûrs de vous rappeler réellement votre vie telle qu’elle a été ? (Je ne vous questionne pas sur vos vies passées, mais sur la présente). Impossible ! Il y a des choses qui apparaissent déformées dans la Mémoire Mécanique.

Si, étant petit, bien qu’étant né dans une classe moyenne, on a vécu pour le moins dans une maison propre, soignée, ayant joui de pain, vêtements et refuge et qu’on a vu quelques pièces de monnaie, il peut se produire qu’avec le temps et les années, on ait gardé dans sa Mémoire Mécanique quelque chose de déformé.

Parce que pour un enfant, quelques billets semblent être des millions ; de petites barrières autour du jardin ou de la garde-robe peuvent nous paraitre colossales, étant donné que notre corps est petit.

Par conséquent, il ne serait pas étonnant qu’une fois grands, nous disions : « Quand j’étais petit, je vivais à tel endroit. Ma maison était magnifiquement aménagée, avec de grands murs, des tuiles bien rangées. Que de lits, quelle merveilleuse table, que d’argent ! ». (C’est un souvenir mécanique, infantile et absurde). Par conséquent, la seule MÉMOIRE RÉELLE EST CELLE DU TRAVAIL.

Si, au moyen de l’EXERCICE RÉTROSPECTIF, nous nous proposions de nous rappeler notre enfance, nous verrions que cette maison (d’enfants de classe moyenne) n’était pas le palais que nous pensions auparavant, mais une humble demeure d’un père travailleur et sincère ; que les « sommes fabuleuses » qui nous entouraient étaient à peine un peu d’argent pour payer le loyer de la maison et acheter au jour le jour le nécessaire.

La Mémoire Mécanique est plus ou moins fausse et si nous regardons le cas des fameux « tests » psychologiques… Si un groupe d’entre-vous fait une excursion à Yucatán et qu’il voit exactement les mêmes monuments et les mêmes pierres, de retour ici chacun de vous donnera une version différente.

Qu’est-ce que cela prouve ? Que la MÉMOIRE MÉCANIQUE EST INFIDÈLE ; elle ne sert pas.

Il vous arrive souvent la même chose. Vous avez raconté une histoire, vous l’avez dite à tel ou tel ami ; celui-ci, à son tour, l’a racontée à un autre, mais en la racontant il y a ajouté quelque chose de plus ou il en a enlevé un peu ; ce n’est alors plus la même histoire ; elle est déformée…

Et cet autre, à son tour, la raconte à un autre, alors l’histoire continue à être déformée davantage et, à la longue, vous-même ne reconnaissez plus l’histoire. Elle est si déformée qu’elle ne ressemble en rien à ce que vous aviez raconté.

Telle est la Mémoire Mécanique : elle ne sert pas, parce que dans la Mémoire Mécanique existe la FANTAISIE (Mémoire Mécanique et Fantaisie sont très associées).

Comment, donc, contrôler la Fantaisie ? Il n’y a qu’un seul moyen de la contrôler : par la Mémoire du Travail. Si la Mémoire Mécanique, par exemple, nous fait voir notre vie comme elle ne fut pas et comme elle n’a pas été, au moyen du travail nous allons décortiquer notre propre vie et la découvrir telle qu’elle est.

Alors, que veut dire ceci ? Que la mémoire que nous gardons une fois le travail réalisé, nous permet de contrôler la Fantaisie, de l’éliminer, de l’éliminer radicalement.

Il est donc nécessaire d’éliminer cette Imagination Mécanique, parce qu’en aucune façon elle ne nous permet de progresser au niveau ésotérique.

Voyez la dame qui s’arrange devant le miroir, qui peint ses grands cernes, qui affine ses sourcils, qui met d’énormes faux-cils, qui teint ses lèvres en rouge, etc. Regardez-la habillée à la dernière mode : comme elle se regarde devant son miroir, amoureuse d’elle-même ! Elle est convaincue qu’elle est très belle…

Si nous lui disions qu’elle est épouvantablement laide, elle se sentirait (mortellement) blessée dans sa vanité. Elle a une Fantaisie terrible ; sa forme de Fantaisie fait qu’elle se voit comme elle n’est pas, qu’elle se voit comme une beauté extraordinaire…

Alors, chacun a de lui-même une conception erronée, totalement erronée (c’est terrible !).

On peut se sentir génial, capable de dominer le monde avec d’éclatantes facultés intellectuelles (être convaincu de cela), mais si on se voyait dans sa crue réalité, on découvrirait que ce que l’on possède dans sa Personnalité ne nous est pas propre, mais étranger ; que les idées que l’on a ne nous sont pas propres, mais qu’on les a lues dans tel ou tel livre, qu’on est rempli de terribles tares morales. Cependant, il y en a peu qui ont le courage de se dénuder face à eux-mêmes, pour se voir tels qu’ils sont.

Chacun a projeté une forme de sa Fantaisie sur lui-même et, de cette manière, il ne s’est jamais vu lui-même tel qu’il est en réalité et c’est terrible, épouvantable…

Pour continuer ici, avec ces analyses, en pensant à voix haute pour les partager avec vous, nous dirons que tant que l’on ne DISSOUDRA PAS ces formes de LA FANTAISIE, on demeurera très loin de l’Être. Mais à mesure que l’on éliminera de plus en plus toutes les formes de la Fantaisie, l’ÊTRE SE MANIFESTERA de plus en plus en nous-mêmes.

Quand on pénètre profondément dans ce qu’est la vie, on découvre que, franchement, on n’a pas vu le monde tel qu’il est véritablement. On l’a vu à travers les formes de sa Fantaisie et rien de plus.

L’Imagination Mécanique… Comme c’est grave ! Ces rêves de la Fantaisie… Car, quelquefois, celui qui fait ces rêves reste silencieux ; d’autres fois, il en parle et, d’autres fois, il veut les mettre en pratique.

Il est évident que, dans le troisième cas, la question est grave, car lorsqu’un rêveur veut arriver à convertir ses rêves en réalité, il commet des folies épouvantables parce qu’en fait ses rêves ne coïncident pas avec la mécanique de la vie et alors il se retrouve à faire des folies…

Un rêveur silencieux dépense beaucoup d’Énergie Vitale, mais il n’est pas tellement dangereux ; celui qui parle de ses rêves est un fantaisiste ; il peut contaminer d’autres psychés, d’autres personnes ; mais le troisième, celui qui veut convertir ses rêves en faits pratiques de la vie, celui-là, par contre, est bien « à lier » mentalement ; il est fou, c’est évident.

En continuant, donc, avec ces analyses, nous voyons clairement que l’Imagination Mécanique ou Fantaisie nous maintient donc très loin de la réalité, de l’Être, et c’est vraiment lamentable.

Les gens déambulent dans les rues en rêvant, ils sont dans leurs Fantaisies, ils travaillent en rêvant de leurs Fantaisies, ils se marient en rêvant, vivent une vie en rêvant et meurent en rêvant dans le monde de l’Irréel, de la Fantaisie. Ils ne se sont jamais vus eux-mêmes, jamais ; ils ont toujours vu une forme de leur Fantaisie.

Enlever cette forme de Fantaisie à quelqu’un s’avère cruel, épouvantablement cruel, terriblement cruel.

Il y a diverses formes de Fantaisies (naturellement). Ainsi, donc, chacun de ceux qui sont ici présents a ce que l’on pourrait appeler un « MOI FANTAISIE », une « PERSONNE FANTAISIE » qui ne coïncide pas avec la réalité.

Votre « Personne Fantaisie » a existé depuis le début ; elle existe maintenant et elle existera demain et vous êtes convaincus que cette « Personne de votre Fantaisie » est la réalité, mais en fait elle ne l’est pas (voilà ce qui est grave).

Je répète : comment contrôler la Fantaisie ? Il n’y a qu’une seule façon de la contrôler : avec la Mémoire-Travail.

Si nous sommes sincères avec nous-mêmes, nous devons travailler pour éliminer les éléments indésirables que nous avons en nous et, à mesure que nous allons les éliminer, nous allons découvrir un ordre dans le travail. Mais qui vient établir cet ORDRE DANS LE TRAVAIL ÉSOTÉRIQUE ? L’Être. Il établit cet ordre et cette Mémoire-Travail nous permet d’éliminer de nous la Fantaisie.

Mais il faut un grand courage pour pouvoir rompre, disons, le Moi Fantaisie que l’on possède, sa Personne Fantaisie.

Vous êtes ici en train de m’écouter et je suis ici en train de vous parler et je suis sûr que, par exemple, notre frère Arce est convaincu de ce qu’il est et il dit : « Je suis Arce, je suis un homme d’affaires. Ma manière d’être est ça, ça et ça… ». Qui pourrait dire à Arce qu’il n’est pas Arce ? Qui pourrait lui dire qu’il n’est pas un homme d’affaires ? Qui oserait le lui dire ? Et le croirait-il, par hasard ? Pourrait-il, par hasard, accepter de quelqu’un l’idée qu’il n’est pas un homme d’affaires, qu’il n’est pas Arce, qu’il n’est pas ce qu’il croit être ?

Je suis sûr que même Arce n’accepterait pas de vous…

— Toi, que dirais-tu ?

— Vénérable Maître, avec votre enseignement, il n’y a pas lieu de douter…

Mais qu’en serait-il si l’une des personnes ici présentes rompait ce « MOI FANTASTIQUE » que tu crois être, que tu es sûr d’être ? Qu’elle le détruise et te dise : « tu n’es pas cela ». Il se peut qu’à moi tu me dises : « Bien, Maître, je suis d’accord avec ce que vous dites ». Mais qui sait si, en dehors, face à un autre interlocuteur, tu ne penserais pas différemment. Ce qui est sûr c’est que tu répondrais à un tel ou à une telle : « Bon, ça c’est ton concept à toi. Je suis Arce et je suis comme je suis ». C’est évident, n’est-ce pas ? Tu t’es toujours connu comme ça, n’est-ce pas ?

— Oui, Maître…

Bien, mais je te dis que celui que tu as toujours connu, celui que tu crois être n’existe pas ; c’est ta Fantaisie à toi. Ce travail nous coûte ; accepter ce que je suis en train de te dire est épouvantablement difficile.

Mais, plus tard, quand tu t’exploreras toi-même au niveau psychologique, tu te rendras compte que tu avais de toi-même une conception erronée.

Et il en est donc ainsi avec chacun de ceux qui sont ici présents : ils ne se sont jamais vus eux-mêmes, ils ont toujours vu une forme de Fantaisie en eux-mêmes. C’est-à-dire que chacun de ceux qui sont ici présents a un « Moi Fantaisie », une « Personne Fantaisie » qui n’est pas la réalité.

Cependant, il y a des moments terribles (je vous le dis), très rares, trop rares, où on arrive à voir, un instant, son propre ridicule. C’est une question de secondes, de moments, dans lesquels on arrive à percevoir son « Moi Fantaisie », sa « Personne-Fantaisie ».

Quand cela se produit, on ressent une douleur morale très profonde, mais ensuite viennent les « petits jeux » du mental, la manière de redresser les torts et, pour finir, on s’autoconsole de cinquante mille manières et on oublie la question et la vie continue, comme toujours…

Ces réveils sont rares, très rares, mais nous les avons tous eus un jour, tous…

Cela vaut donc la peine que nous soyons sincères avec nous-mêmes ; essayons simplement de nous AUTOCONNAÎTRE si nous voulons vraiment rendre manifeste l’Être que nous portons à l’intérieur de nous.

Si nous aspirons vraiment à ce qu’un jour la RÉALITÉ demeure en nous et rien d’autre que la Réalité, sans aucun atome de Fantaisie, nous avons besoin d’être sincères et d’avoir le courage de nous déchirer, de rompre ce Moi Fantaisie, cette Personne-Fantaisie qui n’existe pas, dont les autres savent qu’elle n’existe pas, mais dont nous, nous croyons pourtant qu’elle existe.

C’est clair : on a besoin d’utiliser le BISTOURI DE L’AUTOCRITIQUE ; dans le cas contraire, l’autocritique profonde, non superficielle, serait impossible.

Si nous procédons ainsi, nous parviendrons à rompre le « Moi Fantaisie » ; nous parviendrons à le détruire, à le réduire en cendres, en poussière cosmique. Dans quel but ? Pour découvrir l’Être.

Le Moi Fantaisie éclipse l’Être ; il nous maintient tellement fascinés par nous-mêmes, par ce qui n’existe pas, par ce qui n’est pas Réel, qu’il ne nous laisse pas découvrir l’Être (l’Être qu’il y a en nous-mêmes, dans nos profondeurs)…

N’oubliez pas, mes chers frères, que le « ROYAUME DES CIEUX » est à l’intérieur de nous-mêmes et qu’il a différents niveaux. Le « ROYAUME DE LA TERRE » aussi est ici, en nous, et le niveau le plus élevé de « l’Homme de la Terre » n’atteint même pas le plus petit, n’arrive même pas à la cheville du plus petit de ceux qui vivent dans le « Royaume des Cieux ».

Mais comment pouvoir sortir des différents niveaux de la Terre pour entrer ne serait-ce qu’au niveau inférieur du « Royaume des Cieux » (sur le premier échelon du « Royaume des Cieux » qui est en nous et non en dehors de nous), pour faire ce pas du « Royaume de la Terre » au « Royaume des Cieux » ?

Le Royaume de la Terre a différents niveaux : les plus grotesques, les plus élevés, les beaucoup plus élevés, les plus raffinés ; mais le plus raffiné des niveaux de la Terre n’est pas le « Royaume des Cieux ».

Pour passer de l’échelon le plus élevé du « Royaume de la Terre » ou des « Royaumes de la Terre » à l’échelon le plus bas du « Royaume des Cieux », il faut un changement, une transformation, il faut RENAÎTRE de l’EAU et de l’ESPRIT, il faut se dédoubler en la PERSONNALITÉ TERRESTRE et en l’HOMME PSYCHOLOGIQUE, l’Homme Intérieur.

Mais comment pourrait se produire ce dédoublement, cette division en deux : un homme inférieur, terrestre, situé au niveau commun et ordinaire, et un autre, à une octave supérieure, à l’intérieur de nous-mêmes ? Comment pourrait vraiment se produire en nous la séparation de ces deux types d’homme, l’inférieur et le supérieur ? De quelle manière ? Croyez-vous que cela serait possible si nous continuions à être fascinés par cette Personnalité Fantastique que nous croyons être la vraie et qui ne l’est pas ?

Tant que l’on sera convaincu que la façon dont on se voit est la vraie, le DÉDOUBLEMENT PSYCHOLOGIQUE sera impossible ; il sera impossible que l’Homme Intérieur se sépare de l’Extérieur il sera donc impossible d’accéder au premier échelon du « Royaume des Cieux ».

Il est évident que c’est la Fantaisie qui tient l’humanité plongée dans l’État d’Inconscience où elle se trouve. Tant que la Fantaisie existera, la Conscience continuera d’être endormie.

Il faut détruire la Fantaisie. Au lieu de la Fantaisie, nous devons avoir l’Imagination Consciente, l’Imagination Dirigée (la Fantaisie est une Imagination Mécanique) et, au lieu de la Mémoire Mécanique, nous devons avoir la MÉMOIRE DU TRAVAIL ÉSOTÉRIQUE, la MÉMOIRE CONSCIENTE.

Celui qui, par exemple, pratique l’exercice rétrospectif (pour revoir sa vie) en finit avec la Mémoire Mécanique et établit en lui la Mémoire Consciente, la Mémoire-Travail. Celui qui, au moyen de l’exercice rétrospectif peut se rappeler ses vies antérieures, en finit avec la Fantaisie. Il acquiert alors la Mémoire-Travail.

Par conséquent, la Mémoire-Travail et l’Imagination Consciente nous permettront d’arriver très loin sur le chemin de l’AUTODÉCOUVERTE.

Ici s’arrêtent mes paroles. Si l’un de vous a quelque chose à demander, il peut le faire avec la plus entière liberté.

Disciple. Maître, quels pourraient être les meilleurs exercices pour bien développer l’Imagination Consciente ?

Maître. Étant donné que l’Imagination Consciente est l’Imagination Dirigée, eh bien, indubitablement, il faut apprendre à « DIRIGER L’IMAGINATION ». Par exemple, si nous relaxons notre corps et qu’ensuite nous fixons notre imagination sur quelque chose qui ait de la vie (disons, sur le processus de la naissance et de la mort de toutes les choses), nous développerons l’Imagination Consciente.

Imaginons une semence, la semence d’un rosier en train de germer, comment la tige se met ensuite à croître, comment elle va se développer comment elle va donner des bourgeons, des branches, des feuilles et des fleurs.

Pensons ensuite au processus inverse, au processus involutif : comment se fanent les pétales de la rose, comment les feuilles tombent et comment, pour finir, ce rosier se convertit en un tas de bois…

C’est un exercice merveilleux ; avec lui, on obtient le développement de l’Imagination de façon positive. Avec lui, on obtient l’Imagination Consciente et c’est ce qui compte.

Comment éliminer de nous la Fantaisie, c’est-à-dire l’Imagination Mécanique ? Tout simplement en DISSOLVANT, avant tout, le MOI FANTAISIE, en l’achevant. Nous devons commencer par nous voir tels que nous sommes, non comme nous sommes en apparence, ou comme nous croyons être.

C’est difficile de se voir ainsi, tel qu’on est. Normalement, on se voit comme on n’est pas, on se voit comme on croit être, selon sa Fantaisie. C’est par là qu’il faut commencer pour rompre la Fantaisie.

Quand on s’est vraiment vu (tel qu’on est), dans sa réalité la plus crue, on souffre en général d’une terrible déception de soi-même, d’une épouvantable déception (quelle horreur !). Ensuite, il nous reste la consolation de la Sagesse…

Si on en finit avec la Mémoire Mécanique et qu’on établit la Mémoire du Travail, alors on élimine la Fantaisie, parce que dans la Mémoire Mécanique il y a de la Fantaisie.

J’ai déjà cité le cas des historiens. À quoi ça sert d’étudier les grandes œuvres de notre Histoire si ce sont de pures fantaisies ? Les historiens étaient-ils présents, par hasard, à la Révolution Française ? Ont-ils connu Charles V d’Espagne, ont-ils connu Philippe le Bel ? Je crois qu’ils écrivent des versions déformées par le temps, qui sont le produit de la fantaisie.

Si, au lieu de la Mémoire Mécanique (qui est pure Fantaisie), nous établissons en nous la Mémoire-Travail, si nous travaillons sur nous-mêmes en dissolvant les éléments indésirables qui sont en nous, il est évident que nous allons acquérir la Mémoire Consciente, la Mémoire du Travail.

Cette Mémoire Consciente ou Mémoire Travail est merveilleuse, car appliquée à l’histoire universelle, elle nous permettra de découvrir vraiment, d’étudier, disons, dans les REGISTRES AKASHIQUES, la crue réalité de la Révolution Française, de Marie-Antoinette ou de n’importe quelle page de l’Histoire en général.

Par conséquent, la Mémoire Consciente appliquée à nous-mêmes nous mène très loin, et, appliquée à l’Univers, nous permet d’étudier les Archives des Registres Akashiques de la Nature.

Ainsi, à mesure qu’on va éliminer tout ce qu’il y a de Fantaisie en nous, l’Imagination Consciente deviendra de plus en plus active et l’Imagination Mécanique ou Fantaisie disparaîtra peu à peu, jusqu’à ce qu’il n’en reste rien.

Avez-vous une autre question, mes frères ?… Bien, comme il n’y a plus de questions, nous continuerons maintenant avec d’autres parties de notre Travail Ésotérique…


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